Message urgent aux Lamapien.ne.s

Aux membres de l’AMAP , individuels ou rassemblĂ©s en groupes nationaux,

A l’initiative de Pamela Celestin ou plutĂŽt Fanela qui manifeste notre prĂ©sence en HaĂŻti, nous nous sommes rĂ©unis en visioconfĂ©rence le mercredi 18 novembre. Nous Ă©tions volontairement peu nombreux, parce qu’il s’agissait d’une premiĂšre rencontre de ce type, que nous voulions pouvoir aboutir Ă  des dĂ©cisions ou au moins Ă  des propositions. Annie ne participait pas , parce qu’elle ne pouvait avoir accĂšs ni Ă  Spyke, ni Ă  Zoom. Assane Diakhate , prĂ©venu, n’avait pas reçu le lien, pour des raisons informatiques mystĂ©rieuses mais la plupart d’entre vous avaient Ă©tĂ© informĂ©s de ce projet de rencontre par Annie Ă  partir des informations dont elle disposait et Carlos Moya, Lucia Ozorio et Marcos Gonzales avaient rĂ©agi positivement.

Fanela nous a proposé de contribuer à deux activités :

  • Une activitĂ© en coopĂ©ration avec une Association HaĂŻtienne (PH 4), elle- mĂȘme en relation avec l’UniversitĂ© de Konstanz en Allemagne : il s’agirait d’accepter de participer en tant que ressource possible au partenariat dĂ©jĂ  engagĂ© qui porte sur quatre thĂšmes :
  1. Formation des enseignants
  2. Recrutement de nouveaux partenaires et professionnels
  3. Formation et encadrement de la petite enfance
  4. Colloques internationaux

Ce qui nous est demandĂ© c’est de rĂ©pondre chaque fois aux demandes qui pourraient nous ĂȘtre adressĂ©es dans la mesure oĂč nous en avons les compĂ©tences et les moyens.

Dans cette perspective j’ai dĂ©jĂ  mis en relation PH4 avec une confĂ©rence internationale en ligne sur la petite enfance et l’Autisme.

  • La seconde activitĂ© est la plus importante et pourrait nous engager dans un programme de longue durĂ©e.

Il s’agit de rĂ©pondre Ă  un appel de la FONDATION Kellogg, appel dotĂ© de 90 millions de dollars sur les moyens de lutter en faveur de la racialequity ( c’est volontairement que je ne traduis pas, je dirai plus loin pourquoi) . Cet appel est Ă  la fois un appel Ă  idĂ©es et Ă  proposition de dispositifs et de pratiques. Toutes les activitĂ©s, depuis les dĂ©buts de l’AMAP, qu’il s’agisse d’actions de formation, d’interculturalitĂ©, d’actions du type de la construction et de la mise Ă  disposition de bibliothĂšques, de pĂ©dagogie de projet ou d’action avec des populations autochtones pourraient entrer dans ce cadre. Certes la signification de l’appel de la fondation Kellogg est plus morale que politique, l’appel s’énonce en terme d’équitĂ©, nous parlerons aussi de lutte contre les inĂ©galitĂ©s , il porte essentiellement sur l’équitĂ© raciale, ceci est certes trĂšs important et des Ă©vĂšnements rĂ©cents le manifeste mais nous travaillons sur toutes les formes d’inĂ©galitĂ© et d’inĂ©quitĂ© en liaison avec des « appartenances », appartenances ethniques, appartenances en termes de « peuples », mais aussi appartenances sociales, appartenances nationales, appartenances de genre, appartenance Ă  des territoires ou simplement Ă  des quartiers dans certaines villes, et en lien tantĂŽt avec des histoires longues (comme la colonisation) ou avec des Ă©vĂšnements rĂ©cents (l’émigration ou des conditions d’habitat).

Nous avons pensĂ© qu’en rassemblant dans un projet prĂ©sentĂ© collectivement, en tant que LAMAP, nos expĂ©riences, dans leur diversitĂ© et leur multiplicitĂ© nous pourrions accĂ©der Ă  la prise en charge de certaines de nos activitĂ©s et au moins aider LAMAP HaĂŻti Ă  continuer la coopĂ©ration qui est dĂ©jĂ  la sienne. Le processus dans lequel nous nous engageons sera un processus long et qui sera au dĂ©part fonction des Ă©tapes dĂ©terminĂ©es par l’appel d’offre dont la premiĂšre (26 janvier) est celle de l’ Ă©ligibilitĂ© Ă  participer Ă  cet appel.

Pour le moment, nous vous demandons d’accepter de participer simplement Ă  notre prise de dĂ©cision : il faudrait, et ceci est impĂ©ratif, qu’avant le 12 dĂ©cembre vous nous disiez simplement si vous prenez ce projet en considĂ©ration et ĂȘtes prĂȘts Ă  contribuer Ă  notre rĂ©ponse.

Dans un deuxiĂšme temps, il faudrait que sous une forme succincte mais prĂ©cise et concrĂšte vous prĂ©sentiez l’action ou les actions que vous souhaitez soutenir ou initier et la problĂ©matique qui les anime ainsi que leur contexte institutionnel. Vous pourriez le faire en y associant une vidĂ©o de quelques minutes.

Pendant ce temps, avec le bureau de LAMAP, nous prĂ©parerions le dossier administratif correspondant. Il faudrait que cette seconde Ă©tape soit achevĂ©e pour le 10 janvier afin que nous ayons le temps de faire un montage de l’ensemble (en relation permanente avec vous) de maniĂšre Ă  ĂȘtre prĂȘts avant le 26 janvier.

Le mieux, et pour que vous ayez une connaissance complĂšte du processus est de consulter sur Internet racialequity2030.org Je joins Ă  cette rĂ©fĂ©rence, dans le souci de vous Ă©conomiser des recherches deux autres documents de la fondation (ici et lĂ ) qui nous donnent un idĂ©e assez complĂšte de l’esprit qui est le leur et de leur mode de fonctionnement.

Il n’est pas question de nous ajuster à leurs perspectives mais de proposer les nîtres et d’en obtenir la prise en compte par notre argumentation.

Peut-ĂȘtre cette proposition vous conduira Ă  tenter seuls, ou avec d’autres partenaires, d’obtenir votre Ă©ligibilitĂ©. Je suis sĂ»r que LAMAP ne vous le reprocherait pas mais ce serait dommage et vous pouvez parfaitement avant le 12 dĂ©cembre ou dans votre proposition spĂ©cifique (pour le 12 janvier) mais aussi d’indiquer d’autres partenariats auxquels nous pourrions nous trouver associĂ©s.

Il suffit maintenant de répondre, mais il faut répondre.

Ce texte n’a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©, pour Ă©conomiser du temps, que par moi, mais j’espĂšre qu’il manifeste sans trop de dĂ©formations l’accord qui a Ă©tĂ© le nĂŽtre pendant notre rencontre Ă  distance et j’espĂšre, nous espĂ©rons des rĂ©ponses les plus rapides Ă©tant donnĂ©s les dĂ©lais impartis.

Guy Berger

Jornadas Mundiales sobre fiesta, naciĂłn y cultura

Intercultura coordina eventos académicos en los que han participado estudiosos de Argentina, Bolivia, Brasil, Colombia, Cuba, Chile, España, EEUU, Francia, Italia, México, Suiza y Venezuela. El objetivo es intercambiar conocimientos y experiencias en torno a las temåticas propuestas y consolidar encuentro tras encuentro la Red Internacional de Investigadores sobre estudios de fiesta.

Le chiffon rouge

Marcos Gonzålez Pérez, Historien.

margonza1marcos@gmail.com

Avril 2020, BogotĂĄ.

Pendant que se dĂ©roule la quarantaine nationale dĂ©crĂ©tĂ©e par le gouvernement central (en mars et avril 2020) espĂ©rant – grĂące au confinement des personnes pour Ă©viter la contamination du virus COVID-19 en mĂȘme temps que l’engorgement des infrastructures hospitaliĂšres – avoir un meilleur contrĂŽle de l’Ă©pidĂ©mie, on peut observer dans diverses rĂ©gions du territoire national l’accrochage de chiffons rouges aux fenĂȘtres des maisons, des appartements, des baraques ou des cabanes qui indiquent que les familles qui y rĂ©sident font appel Ă  l’aide gouvernementale, ou de toute autre aide, pour pouvoir survivre. Il y a plusieurs explications Ă  cette pratique : elle serait apparue Ă  la suite d’une invite Ă  l’entraide entre voisins Ă©manant de la municipalitĂ© de Soacha ou bien encore que cette mĂȘme proposition aurait Ă©tĂ© lancĂ©e par un collectif citoyen de la localitĂ© de Ciudad BolĂ­var Ă  BogotĂĄ. Ce qui est certain, c’est que cette pratique s’est propagĂ©e rapidement Ă  d’autres localitĂ©s et Ă  d’autres villes du pays.

Photo: Mariana Elorza ChĂĄvez. Abril, 2020. BogotĂĄ.

Pendant la mĂȘme pĂ©riode, on a pu constater que divers regroupements d’habitant de BogotĂĄ, MedellĂ­n, Santa Marta, Santander, La Guajira et Sincelejo (El Tiempo, datĂ© du 16 avril 2020) ont occupĂ© les rues de leur quartier pour protester contre le manque d’aide du gouvernement central et rĂ©gional. À BogotĂĄ, des habitants des localitĂ©s telles Ciudad BolĂ­var, Rafael Uribe, Suba, Usme, Bosa et Kennedy, ont bloquĂ© des avenues et ont parfois affrontĂ© la police qui tentait, comme d’habitude, avec des gaz lacrymogĂšnes de disperser ces manifestations. De mĂȘme, on a pu entendre les concerts de casserole (cacerolazos) dans diverses villes, dont CarthagĂšne – oĂč ces cacerolazos soutenaient le maire contre son propre conseil municipal – mais aussi dans d’autres villes oĂč l’on rĂ©clamait de l’aide.

Photo: Barrio Tocaimita, Localidad de Usme, Bogotå, Propiété de la Fundación Antífona

Ce phĂ©nomĂšne a transformĂ© le chiffon rouge en un symbole d’une nouvelle modalitĂ© de lutte sociale ainsi que l’affirme un reprĂ©sentant local de Usme qui constate que par manque d’aide « tout le quartier affiche un chiffon rouge aux fenĂȘtres des maisons » (El Tiempo).

Il est Ă©vident que le chiffon rouge et la casserole servent aujourd’hui d’instruments de communication, une mise en oeuvre iconographique et sonore de la transmission, caractĂ©ristique du langage, chaque groupe social cherchant Ă  construire et utiliser des images pour s’exprimer.

Le chiffon rouge n’est donc pas seulement une demande d’aide mais est devenu avec ces protestations le signe que la faim est bien prĂ©sente.

Mais le drapeau rouge, le chiffon rouge et les morceaux d’Ă©toffe rouge ont une histoire.

1. Selon l’historien Bronislaw Baczko (Los Imaginarios Sociales – Les imaginaires sociaux, Nueva VisiĂłn, Buenos Aires, 1979, p. 15), la nĂ©cessitĂ© pour le mouvement ouvrier au cours du XXĂšme siĂšcle de trouver des symboles le reprĂ©sentant ont poussĂ© ceux-ci Ă  la recherche d’un drapeau qui identifierait le mouvement. Trouver une couleur qui les diffĂ©rencierait de celles des États-Nation s’est rĂ©alisĂ©, Ă  tĂątons et avec hĂ©sitation, selon Baczko, entre le rouge, le noir, l’arc-en-ciel et le bleu. Originellement, le drapeau rouge a symbolisĂ© en France la mise en place d’un Ă©tat d’urgence contre les tumultes et l’anarchie et la dĂ©cision des ouvriers de se l’approprier en a changĂ© le sens premier. La symbolique est devenue celle d’un drapeau imbibĂ© du sang versĂ© par les ouvriers dans leurs luttes : le rouge sert de proclamation. En Colombie, le drapeau rouge du prolĂ©tariat a accompagnĂ© la cĂ©lĂ©bration des 1er mai, journĂ©e internationale des travailleurs, depuis les annĂ©es 1920.

2. Dans les annĂ©es 1920, en Colombie, naquit le Parti Socialiste RĂ©volutionnaire. Il comptait en ses rangs la dirigeante MarĂ­a Cano, Ă©lue par les ouvriers de MedellĂ­n en 1925 comme « la Fleur RĂ©volutionnaire du Travail ». Elle faisait ondoyer pendant ses discours un drapeau rouge, symbole des luttes syndicales. Durant le IIĂšme CongrĂšs Socialiste National qui eut lieu en 1920, il fut dĂ©cidĂ© que : « L’emblĂšme du Parti Socialiste sera un drapeau rouge avec un triangle en son centre aux trois couleurs nationales. Au centre du triangle, les trois-huit seront brodĂ©s avec les inscriptions suivantes: Études / Travail / Repos ; le rouge du drapeau reprĂ©sentant le combat, les trois couleurs, le patriotisme, et les inscriptions brodĂ©es, le socialisme qui reconnaissait Ă  chacun, huit heures d’Ă©tudes, huit heures de travail et huit heures de repos. Les sommets du triangle porteront la devise du parti : LibertĂ©, ÉgalitĂ© et Fraternité » (journal La Ola Roja, chapĂźtre 2, article 17).

Durant les premiĂšres annĂ©es s’est alors imposĂ© le rituel de prĂȘter serment au drapeau, « le morceau d’Ă©toffe, emblĂšme de notre lutte », dans le cadre d’une « évangĂ©lisation sociale » qui provoqua une lourde querelle avec les gouvernants nationaux qui considĂ©raient ces rites comme autant de profanation du drapeau tricolore, emblĂšme national (GonzĂĄlez PĂ©rez, Marcos. Fiestas de NaciĂłn en Colombia. Academia Colombiana de Historia, 2019).

AprÚs la dissolution du Parti Socialiste, le Parti Communiste Colombien se forme et prend comme emblÚme le drapeau rouge orné de la faucille et du marteau.

3. En 2011, le Parti LibĂ©ral Colombien, fondĂ© en 1848, approuve ses statuts dans lesquels on trouve au chapitre I , l’article 2 qui prĂ©cise le signe distinctif de la couleur rouge « comme interprĂ©tation de l’amour, la fraternitĂ©, la tolĂ©rance et l’emblĂšme s’accompagnera du symbole que formera la lettre L avec celle de l’Internationale socialiste Ă  laquelle le parti est affilié » (Statuts du Parti LibĂ©ral Colombien. PDF, sources privĂ©es).

4. Le chiffon rouge a lui aussi Ă©tĂ© liĂ© Ă  d’autres sphĂšres : dans le domaine festif, par exemple, le foulard rouge (rabo de gallo) des tenues traditionnelles des hommes dansant le « sanjunaero » durant les fĂȘtes de la Saint Jean et Saint Pierre dans les rĂ©gions de Tolima, Huila et CaquetĂĄ. Le foulard faisait parti des vĂȘtements traditionnels des paysans de ces rĂ©gions. Dans le domaine sportif, le rouge est aussi une marque distinctive de diffĂ©rentes Ă©quipes professionnels de football en Colombie et s’est popularisĂ© avec le slogan : « Allez, les Rouges, allez! ».

Plusieurs mouvements politiques ont surgi au XXÚme siÚcle prenant pour base le drapeau rouge en lui ajoutant des signifiants spécifiques, ce qui est évident dans le cas du Parti Communiste Colombien avec la faucille et le marteau ou dans celui du MOIR (Mouvement Ouvrier Indépendant et Révolutionnaire) qui y a ajouté une étoile jaune lié à sa tendance maoïste.

Les boucheries – encore appelĂ©es « renommĂ©es » couramment – signalent leur lieu de vente, Ă  l’origine de viande bovine, avec un drapeau rouge. La boucherie « renommĂ©e » Ă©tait une des boucheries les plus importantes de BogotĂĄ au XXĂšme siĂšcle et c’est la raison pour laquelle son nom est devenu synonyme de boucherie.

Ainsi, le chiffon rouge possĂšde des liens multiples avec l’histoire de la Colombie et autant de significations ; aujourd’hui, il ressurgit comme emblĂšme des demandes sociales qui font que, dans les rues, les masses populaires agitent un bout de chiffon rouge en scandant : « Mieux vaut mourir du corona-virus que de la faim ».

Jeu de couleurs

ParallĂšlement, a commencĂ© Ă  Ă©merger un jeu de couleurs trĂšs intĂ©ressant : le pourpre et le noir signalant des violences intrafamiliales ; en particulier des violences contre les femmes, en ces temps de quarantaine, qui ont obligĂ© les autoritĂ©s Ă  ouvrir une ligne de tĂ©lĂ©phone dĂ©diĂ©e (le 122) pour dĂ©noncer ces horreurs, ce numĂ©ro tĂ©lĂ©phonique Ă©tant appelĂ© la ligne pourpre. Le noir est utilisĂ© dans le mĂȘme sens et s’est dĂ©jĂ  diffusĂ© sur les rĂ©seaux sociaux : un chiffon noir dĂ©nonce ainsi un lieu de vie oĂč existent des violences de genre ; autre exemple, certaines femmes discrĂštes laissent apercevoir autour de leur cou un fin foulard de couleur noire comme un appel Ă  l’aide. L’Institut National de MĂ©decine LĂ©gale a par ailleurs rĂ©vĂ©lĂ© qu’entre les mois de janvier et de mars 2020, 15440 faits de violences intrafamiliales ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es en Colombie.

Le bleu est devenu une couleur indicatrice de problĂšmes de santĂ© en un lieu. DĂ©jĂ  utilisĂ© dans le slogan : « mains peintes en bleu » par une entreprise prestataire en services de santĂ© lors d’une campagne en faveur de personnes vulnĂ©rables et sans protections face aux risques sanitaires. Ce devrait ĂȘtre aussi la couleur des manifestations des travailleurs dans le domaine de la santĂ© qui protestent contre le manque de matĂ©riel appropriĂ©, pour le droit Ă  la vie et aussi en rĂ©action aux mauvais traitements subis par eux Ă©tant considĂ©rĂ©s comme de dangereux porteurs du virus. Plusieurs acteurs de la santĂ© ont dĂ©jĂ  perdu la vie et certaines parties de la population refusent leur proximitĂ© dans un acte d’une intolĂ©rance folle. Ces victimes passent alors pour des bourreaux. Fort heureusement, une autre partie de la population les applaudit pour leur prĂ©sence et leur courage et soutiennent leur manifestations.

En Italie, on peut observer des enfants aux fenĂȘtres avec des petits drapeaux arc-en-ciel, synonyme d’espĂ©rance.

C’est ainsi qu’un Ă©lĂ©ment festif aussi important que la Couleur est mobilisĂ© socialement pour identifier des situations de crise provoquĂ©es par ce virus qui s’en prend Ă  l’humanitĂ© en ce XXIĂšme siĂšcle. Cette crise semble marquer l’an Un de ce siĂšcle Ă©tant donnĂ© qu’il pourrait crĂ©er une rupture d’Ă©poque provoquĂ©e par une relation modifiĂ©e Ă  la nature mais aussi Ă  son prochain. Il est utile de se rappeler Éric Hobsbawm, historien, qui affirmait : « L’infinie variĂ©tĂ© de l’espĂšce humaine et la rapiditĂ© des changements qui ont traversĂ© le XXĂšme siĂšcle, font qu’il est difficile de choisir une image d’une personne banale. Cependant, je me rĂ©pĂšte, si je devais choisir une image, ce serait une mĂšre et ses enfants » (Eric Hobsbawm, Entretiens sur le XXIĂšme siĂšcle, CrĂ­tica, Barcelona, 200, p. 212).

Une politique qui considĂšre les personnes ĂągĂ©es comme des « dĂ©chets », envisagĂ©s comme des fardeaux pour la vie des autres, dans le cadre de cette pandĂ©mie qui nous frappe, le symbole de l’humanitĂ© qui s’impose semble bien alors une photo de leurs petits enfants.

MĂȘme si, suivant JosĂ© Saramago: « Nous saurons de moins en moins ce qu’est un ĂȘtre humain » (extrait du Libro de las PrevisionesLivre des PrĂ©visions, JosĂ© Saramago en Las intermitencias de la muerte, Penguin Random House, BogotĂĄ, 2015).

(traduction lamapienne)

El trapo rojo

Marcos Gonzålez Pérez, Historiador.

margonza1marcos@gmail.com

Abril de 2020, BogotĂĄ.

Mientras transcurre el periodo de la cuarentena nacional, decretada por el gobierno central (marzo y abril 2020) buscando que con el encierro de las personas el contagio del virus covid19 y la infraestructura sanitaria, puedan supuestamente tener mayor control, se observa en varias zonas del territorio nacional la exhibiciĂłn de trapos rojos en casas, apartamentos, casuchas y remedos de viviendas, indicando que las familias que las habitan necesitan ayudas gubernamentales o, es de imaginar, de cualquier proveniencia para poder subsistir. Versiones encontradas dicen que surgiĂł de una propuesta de gobierno en la localidad de Soacha buscando que vecinos se ayudarĂĄn unos a otros, mientras que otra versiĂłn da cuenta que fue una propuesta ciudadana originada en la localidad de Ciudad BolĂ­var en BogotĂĄ. Lo cierto es que rĂĄpidamente se propago a otras localidades y a otras ciudades.

Foto: Mariana Elorza ChĂĄvez. Abril, 2020. BogotĂĄ.

Paralelamente hemos visto que sectores de moradores en BogotĂĄ, MedellĂ­n, Santa Marta, Santander, La Guajira y Sincelejo ((El Tiempo, 16 de abril de 2020) se han tomado calles de sus barrios para protestar por la falta de ayudas de los gobiernos central y regional. En BogotĂĄ, moradores de localidades como Ciudad BolĂ­var, Rafael Uribe, Suba, Usme, Bosa y Kennedy, han bloqueado vĂ­as y en algunos casos se han enfrentado con la policĂ­a que, como es costumbre, disuelve las manifestaciones con gases. De igual manera, se han escuchado los famosos cacerolazos en varias ciudades, en Cartagena apoyando a su alcalde por controversias con el Concejo Municipal y en otros lugares reclamando ayudas.

Foto: Barrio Tocaimita, Localidad de Usme, BogotĂĄ, Propiedad de FundaciĂłn AntĂ­fona

Este fenĂłmeno ha convertido el trapo rojo en un sĂ­mbolo de otra forma de protesta tal como lo afirma un lĂ­der comunal de Usme quiĂ©n manifiesta que por la falta de ayudas “casi toda la localidad tiene trapos rojos en las ventanas de sus casas”. (El Tiempo).

Es evidente que el trapo rojo y la cacerola son los sĂ­mbolos que sirven hoy como instrumentos de comunicaciĂłn en una clara aplicaciĂłn de que lo iconogrĂĄfico toma su papel de trasmisor, una caracterĂ­stica del lenguaje, y que cada grupo social busca construir imĂĄgenes para expresarse.

AsĂ­ pues, el trapo rojo no solo simboliza pedir ayuda sino que ha variado con la protesta y ya significa hambre.

Pero la bandera roja, trapo rojo, jirĂłn rojo, tiene una historia

1.- De acuerdo con el historiador Bronislaw Baczko (Los Imaginarios Sociales, Nueva VisiĂłn, Buenos Aires, 1979, p. 15), la necesidad del movimiento obrero, en el siglo XIX, de buscar sĂ­mbolos de representaciĂłn orientĂł la bĂșsqueda de una bandera que los identificara. Buscar un color propio, que los diferenciara de los Estados Nacionales, se hizo por parte de los obreros, segĂșn Baczko, a tientas y con dudas entre el rojo, el negro, el arco iris y el azul. Inicialmente la bandera roja identificaba en Francia la instalaciĂłn de un estado de emergencia contra los tumultos y la anarquĂ­a, pero con la decisiĂłn de los obreros de apropiarse de este color le dan un significado diferente. El simbolismo ahora tiene que ver ahora con el trapo empapado de la sangre derramada por los obreros en sus luchas y por lo tanto el rojo sirve de pregĂłn. En Colombia la bandera roja del proletariado acompañaba, desde los años 20 del siglo XX, la celebraciĂłn de los primeros de mayo, como dĂ­a de los trabajadores.

2.- En los años 20 del siglo XX, en Colombia, surge el Partido Socialista Revolucionario que contaba entre sus filas a la dirigente MarĂ­a Cano, elegida por los obreros de MedellĂ­n en 1925 como la Flor Revolucionaria del Trabajo, quiĂ©n ondeaba en sus proclamas la bandera roja como sĂ­mbolo de las luchas sindicales. En el II Congreso Nacional Socialista realizado en 1920 se acordĂł, entre otros asuntos, que “La enseña del Partido Socialista serĂĄ una bandera roja con un triĂĄngulo en el centro, hecho con el tricolor nacional. Dentro del triĂĄngulo los tres ochos bordados y las siguientes inscripciones: Estudio, Trabajo y Descanso. correspondientes a cada uno de los ochos. El rojo de la bandera es emblema de combate; el tricolor, patriotismo, y las inscripciones anteriores significan que el socialismo reconoce para los individuos, ocho horas para el estudio, ocho para el trabajo y ocho para el descanso. En los vĂ©rtices del ĂĄngulo irĂĄ el lema del partido: Libertad, Igualdad y Fraternidad”. (PeriĂłdico La Ola Roja, PopayĂĄn, julio 23 de 1920. CapĂ­tulo 2Âș, ArtĂ­culo 17).

En esos años impulsaron el ritual de prestar juramento a su bandera, “el jirĂłn rojo, emblema de nuestra lucha” en el marco de lo que denominaba el “evangelio social” lo que provocĂł una fuerte disputa con los gobernantes nacionales quienes consideraban estos ritos como una profanaciĂłn a la bandera tricolor, el emblema nacional. (Ver: GonzĂĄlez PĂ©rez, Marcos. Fiestas de NaciĂłn en Colombia. Academia Colombiana de Historia, 2019).

Después de la disolución del Partido Socialista aparece en los años 30 del siglo XX el Partido Comunista Colombiano que toma como emblema la bandera roja con el símbolo de una hoz y un martillo.

3.- En el año 2011, el Partido Liberal Colombiano, fundado en 1848, aprueba sus estatutos y en el CapĂ­tulo I, artĂ­culo 2Âș, determina como su distintivo el color rojo “como interpretaciĂłn del amor, la fraternidad y la tolerancia, y su emblema se acompañara con su sĂ­mbolo que es la L y el de la Internacional socialista, a la cual se encuentra afiliado”. (Estatutos Partido Liberal Colombiano. PDF, archivo protegido).

4.- El trapo rojo tambiĂ©n ha estado relacionado con otras esferas: en lo festivo, por ejemplo, con el pañuelo rabo de gallo que se usa en los trajes de los hombres que danzan el sanjuanero en las fiestas de San Juan y san Pedro en zonas como el Tolima, Huila y CaquetĂĄ. El pañuelo era parte de la vestimenta de campesinos de estas regiones. En los deportes el rojo es distintivo de varios equipos profesionales de fĂștbol en Colombia y han popularizado el grito: “Dale Rojo Dale”. Varios movimientos polĂ­ticos surgidos en el siglo XX han tomado esta bandera roja y le agregan un distintivo especial para identificarse con sus ideologĂ­as de origen, caso Partido Comunista con la hoz y el martillo de tendencia soviĂ©tica o el Moir, con su bandera roja y una estrella amarilla de tendencia Maoista. Las carnicerĂ­as o “famas” como se les llama comĂșnmente identifican su lugar como espacio de venta de carne, inicialmente, de vacunos, con un trapo rojo. La fama era una de las carnicerĂ­as mĂĄs importantes de BogotĂĄ en el siglo XIX, de ahĂ­ que este nombre se propagara para este tipo de lugar comercial.

AsĂ­ pues, el trapo rojo ha estado ligado a la historia de la naciĂłn colombiana por sus mĂșltiples significados, y hoy puede resurgir como el emblema de los reclamos sociales, toda vez que ya en las calles las masas estĂĄn agitando el chiro rojo bajo la consigna: “Mejor morirnos de coronarivus que de hambre”.

Faro de colores

Paralelo a ello empieza a emerger un faro de colores bien interesante: el pĂșrpura o el negro como distintivo de violencia intrafamiliar especialmente por la violencia contras las mujeres, en esta Ă©poca de cuarentena, que ha obligado a las autoridades a abrir una lĂ­nea de telĂ©fono (122) especial para denunciar estos horrores, denominada justamente lĂ­nea pĂșrpura. El negro, en el mismo sentido y ya difundido en las redes sociales. Un trapo negro es sinĂłnimo de que en el lugar donde se coloca hay violencia de gĂ©nero o algunas tĂ­midas mujeres dejan ver en sus cuellos una cinta o cordĂłn de color negro, como pidiendo auxilio. El Instituto Nacional de Medicina Legal y Ciencias Forenses revelĂł que entre los meses de enero y marzo de 2020, se registraron en el paĂ­s 15.440 hechos de violencia intrafamiliar en Colombia. 

El azul, como distintivo para saber que en determinado lugar hay problemas de salud. Ya utilizado bajo el slogan: manos pintadas de azul, por una empresa prestadora de salud como parte de una campaña en favor de personas en riesgos vulnerables y sin protección en riesgos de salud. Debería ser el color de las protestas de los trabajadores de la salud que tienen que manifestarse por el derecho a la vida y a que los doten de materiales apropiados para sus labores, así como a que no los maltraten por ser considerados portadores del virus. Llevan varios muertos en su gremio y sectores de la población rechazan su cercanía en un acto måximo de intolerancia. Resultaron victimarios y no víctimas, como es su realidad cotidiana. No obstante un sector de la población aplaude su existencia y coraje y apoya sus justas protestas.

En Italia, se observan niños en las ventanas con banderitas arcoíris, significando esperanza.

AsĂ­ pues un elemento tan importante en lo festivo como El Color se direcciona socialmente para identificar situaciones propias de la crisis creada por el virus que ataca la humanidad en este siglo XXI, que con esta catĂĄstrofe pareciera marcar su conteo como año Uno, dado que puede crear una ruptura de tiempo signada por otras formas de relaciĂłn con la naturaleza, con el otro y consigo mismo. Vale la pena recordar a Eric Hobsbawm, el historiador, quiĂ©n afirmaba respecto del siglo XX. “La infinita variedad de la especie humana y la rapidez con la que han cambiado en el transcurso del siglo XX hacen verdaderamente difĂ­cil elegir un sĂ­mbolo de la gente corriente. Y sin embargo, repito, si me veo en la necesidad de elegir uno escojo a una madre con sus hijos” (Eric Hobsbawm, Entrevista sobre el siglo XXI, CrĂ­tica, Barcelona, 200, p. 212).

Con la política de considerar que los adultos mayores son “desechables”, detestados como estorbos para la vida de los demás, en el marco de la pandemia que nos azota, el símbolo humano que sobresale sería una foto de nietos.

Aunque segĂșn JosĂ© Saramago: “sabremos cada vez menos quĂ© es un ser humano” (Tomado del Libro de las Previsiones. JosĂ© Saramago en Las intermitencias de la muerte, Penguin Random House, BogotĂĄ, 2015).

AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de L’AMAP du 1er Avril 2020

Plus que jamais ensembles et proches

Nous avions l’habitude de nous rencontrer rarement, dispersĂ©s comme nous l’étions en habitant, en travaillant ou en Ă©tudiant au BrĂ©sil, en HaĂŻti, au Chili, en Colombie, au Mexique, au SĂ©nĂ©gal au Togo, en GrĂšce, en Bulgarie, en Italie, en Suisse, en France …

Aujourd’hui nous ne sommes plus dispersĂ©s mais sĂ©parĂ©s, y compris dans nos pays respectifs et comme nous nous sentons sĂ©parĂ©s nous sommes unis comme jamais dans l’AmitiĂ© des peuples du monde et la reconnaissance de nos multiples cultures.

Nous savons aussi que l’origine de tout cela n’est pas seulement un misĂ©rable virus, mais qu’elle est aussi la pauvretĂ©, l’inĂ©galitĂ©, la domination, le mensonge et l’indiffĂ©rence mutuelle.

Alors promettons-de nous retrouver et de lutter pour nous retrouver dans l’amitiĂ©, dans la joie, dans la justice et dans l’échange encore plus intense de nos cultures, de nos langues et de nos richesses.

Que notre assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale Ă  distance vote Ă  l’unanimitĂ© cette proposition !

Nous vous proposons de joindre Ă  cette dĂ©cision ce texte-tĂ©moignage d’une Ă©crivaine, hĂ©roĂŻne de la lutte des femmes et de tous ceux qui connurent ou connaissent encore l’oppression, que nous reconnaissons comme une des nĂŽtres et choisissons pour nous reprĂ©senter.

Guy Berger, membre du bureau de L’ AMAP.



Cergy, le 30 mars 2020

Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-ĂȘtre/ Si vous avez le
temps ». À vous qui ĂȘtes fĂ©ru de littĂ©rature, cette entrĂ©e en matiĂšre
Ă©voque sans doute quelque chose. C’est le dĂ©but de la chanson de Boris
Vian Le dĂ©serteur, Ă©crite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle
d’AlgĂ©rie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas
en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni
pensée ni volonté de nuire, ignore les frontiÚres et les différences
sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre.
Les armes, puisque vous tenez Ă  ce lexique guerrier, ce sont les lits
d’hîpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre
de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez
la France, vous ĂȘtes restĂ© sourd aux cris d’alarme du monde de la santĂ©
et  ce qu’on pouvait lire sur la  banderole d’une manif  en novembre
dernier -L’état compte ses sous, on comptera les morts – rĂ©sonne
tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez prĂ©fĂ©rĂ© Ă©couter ceux qui
prĂŽnent le dĂ©sengagement de l’Etat, prĂ©conisant l’optimisation des
ressources, la rĂ©gulation des flux,  tout ce jargon technocratique
dĂ©pourvu de  chair qui noie le poisson de la rĂ©alitĂ©. Mais regardez, ce
sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le
fonctionnement du pays :  les hĂŽpitaux, l’Education nationale et ses
milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payĂ©s, EDF, la Poste, le
mĂ©tro et la SNCF. Et ceux dont, naguĂšre, vous avez dit qu’ils n’étaient
rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles,
de taper les produits aux caisses, de  livrer des pizzas, de garantir 
cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle,  la vie matĂ©rielle.

Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction aprÚs
un traumatisme. Nous n’en sommes pas  lĂ . Prenez garde, Monsieur le
Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du
cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un
temps   pour dĂ©sirer un nouveau monde. Pas le vĂŽtre ! Pas celui oĂč les
dĂ©cideurs et financiers reprennent  dĂ©jĂ  sans pudeur l’antienne du «
travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux Ă 
ne plus vouloir d’un monde dont l’épidĂ©mie rĂ©vĂšle les inĂ©galitĂ©s
criantes, Nombreux Ă  vouloir au contraire un monde  oĂč les besoins
essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se
cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités
actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le
PrĂ©sident, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie,  nous
n’avons qu’elle, et  « rien ne vaut la vie » –  chanson, encore,
d’Alain  Souchon. Ni bĂąillonner durablement nos libertĂ©s dĂ©mocratiques,
aujourd’hui restreintes, libertĂ© qui  permet Ă  ma lettre – contrairement
Ă  celle de Boris Vian, interdite de radio – d’ĂȘtre lue ce matin sur les
ondes d’une radio nationale.

Annie Ernaux

(https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-30-mars-2020)

JournĂ©e d’Ă©tudes – Projet IRIS